Culture & Patrimoine

Le musée de Mayotte
Le cachalot : une des merveilles du Musée de Mayotte
Le cachalot : une des merveilles du Musée de Mayotte

Les collectivités locales de Mayotte (Conseil départemental, mairies) et le milieu associatif accordent une place prépondérante à la question patrimoniale. Nonobstant, les occasions de faire découvrir ce patrimoine à la population, mais également aux curieux en provenance de l’extérieur (touristes, résidents passagers ou autres), sont relativement rares. Comment l’apprécier alors s’il fait l’objet de valorisations temporaires et surtout, comment le conserver ou le préserver, quand l’on sait qu’en dehors de quelques représentations ou manifestations culturelles ponctuelles (expositions, forums…), il se dilue dans les méandres de la vie quotidienne et de la problématique de développement de l’économie et des infrastructures locales ?

Le musée est un outil mémoriel qui dit ce que nous sommes

Le territoire de Mayotte manque de lieux d’épanouissement et de développement culturels (tels que les salles de spectacle) ; il peine également à mettre en marche un réseau cinématographique que nombre de ses habitants espèrent apprécier un jour très prochain. Enfin, à ce jour, il manque aux Mahoraises et Mahorais, un musée consacré à la préservation et à la valorisation pérennes de leur patrimoine culturel. Dès lors ce musée servirait à visualiser et donner du sens à des objets exposés, à leur Histoire et à leur « environnement écologique et économique1 » (dixit, Stéphane MARTIN, Président du musée du quai Branly) ; ce serait un musée pour « Savoir qui l’on est, et à quoi et à qui l’on sert », analysait également à juste titre Marie-Hélène JOLY dans son questionnement sur « Le Projet Scientifique etCulturel a-t-il un avenir ? »

Pour transmettre notre héritage culturel

Ce « Musée de Mayotte », qui se bâtira autour de notre identité culturelle, permettra la conservation et la transmission de nos savoirs traditionnels. Dans une société telle que la nôtre, où le patrimoine matériel a peu de prise, cette édification prendra le relais de l’ancien, du « vieux », détenteur d’une pensée culturelle riche car lorsque ce « vieux » disparaît, avec lui disparaissent sa connaissance de notre monde, de notre société, des hommes et des histoires qui les ont construits, mais aussi les sens de tout ce qui nous définit, à l’instar des danses traditionnelles, lesquelles relèvent du patrimoine dit immatériel. Ces danses ont ainsi perdu de leur valeur originelle pour laisser place, au fil du temps, à d’autres valeurs, véhiculées notamment par un mimétisme de mouvements corporels venus du continent africain. Or, ces mouvements sont en décalage, voire même en rupture, avec les représentations culturelles des Mahoraises et Mahorais. Ils ont en effet un sens dans leur culture d’origine mais ce n’est pas le cas dans la culture locale.

Un musée d’arts traditionnels mahorais

La problématique muséale s’articule autour d’une double question en même temps qu’elle s’entreprend à partir de cette dernière : comment penser le musée et quelle vision peut-on avoir de ce lieu ? La difficulté de cette démarche repose ici sur la projection à faire du futur établissement car cette projection ne s’appuie pas sur quelque chose de concret, de déjà là, même si les écomusées peuvent être considérés comme des émanations annexes du projet principal. Le musée sera donc un lieu à inventer mais nos arts traditionnels devront y avoir toute leur place. Sur le site de la « Résidence du Gouverneur » à Dzaoudzi Le contenu du musée est également lié au choix du site de réalisation, en l’occurrence, la Résidence du Gouverneur à Dzaoudzi, dont le charme a retenu aussi bien l’attention de M. Frédéric MITTERRAND que l’agrément de S. MARTIN. Le Ministre ne s’était-il d’ailleurs pas écrié en le découvrant lors de sa visite officielle en avril dernier : « Vous tenez le lieu de votre futur musée ! » A en croire la tradition orale, la « Résidence » est avant tout un site chargé d’histoires qui s’entrelacent : celle du colonialisme, celle du Sultan Andriantsouli, qui y a séjourné, et celle des esprits ou des djinns qui veillent encore sur les lieux. Dans les préconisations du Président du musée du quai Branly, tous les espaces afférents à cette résidence devront être investis et faire l’objet d’aménagements appropriés : le bâtiment central comme les bâtiments annexes et le jardin. Il conviendra aussi de tenir compte des publics qui fréquenteront les lieux (scolaires, associatifs, très jeune public pour lequel il est proposé d’avoir une garderie sur place…), afin de proposer un aménagement dans lequel ils se retrouvent, au sens de : « qui leur ressemble. »